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Veru le joyau du Celavu

Veru, le joyau du Celavu

Nous sommes sur la RN 193 qui conduit jusqu’à Bastia. A une vingtaine de kilomètres d’Ajaccio, à la frontière entre la Pieve di u Celavu et celle de la Gravona, une bifurcation sur la gauche, mène au col de Tartavellu à 450 m d’altitude et rejoint, un peu plus loin le canton du Cruzzini au terme d’un parcours sous une végétation dense cernée de magnifiques reliefs ciselés.
C’est ici, à quelques kilomètres de la RN 193, que se situe le village de Veru. Un village de 2340 kilomètres carrés, qui compte, environ 356 habitants durant l’hiver et un peu plus durant la saison estivale.

Légende et origine
L’ancien village de Veru, «u paese anticu» comme le nomment les actuels habitants se trouvait, jadis, bien en contrebas. Mais il fut, à l’époque des invasions, en plein cœur du passages des Maures. L’ancien village fut entièrement détruit et ses habitants massacrés. Selon la tradition orale, un homme réussit à s’enfuir et à se réfugier plus haut, sur le chemin du col de Tartavellu, dans une grotte près de laquelle jaillit une source. Un matin, s’apercevant qu’il n’était pas seul, il se cacha et découvrit son frère qui avait lui aussi échappé au massacre. Ensemble, ils décidèrent de fonder, le nouveau village. C’est autour de lieu-dit
«u paesi», où l’eau de source coule encore, que le village actuel s’est développé. On peut, sans doute, considérer que Veru fut habité depuis la préhistoire car on y retrouve de nombreux abris sous roche.

De la ghjesa San Ghjuvanni au Seigneur Rinucciu de Leca
Veru constitua, plus tard, le village le plus important de la pievi di U Celavu (deux hectares de surface). Le village abrita deux églises. La première fut rebâtie vers la fin du XI siècle, l’église San Ghjuvanni. Une église romane, située près au pied de la montagne, près du fleuve l’Arbaghju, dont les vestiges ont été découverts en 1968. Une légende raconte que si l’on piochait à l’aube du 24 juin sur les vestiges de l’église San Ghuvanni, on pouvait récolter des monnaies d’argent. San Ghjuvanni était une église baptismale mais également le centre administratif religieux et judiciaire de la vallé, sous la présidence du piuvanu, le curé piévan au pouvoir très important.
Vers la fin du XVe siècle, la forêt domaniale de Veru appartenait au Seigneur Rinnucciu de Leca mais en 1504 elle lui fut confisquée sur ordre de la banque de Saint-Georges.
L’Eglise San Ghjuvanbattista, située dans le village, fut édifiée, quant à elle, en 1580. Elle abrite une sculpture de bois en date du XVIIe siècle et représentant le baptême du Christ. Elle abrite, également, une statue de la Vierge Marie.
Le village de Veru est placé sous la protection de deux Saint patrons :
San Ghjuvanbattista fêté le 24 juin
(Saint-Jean d’été) et San Dumenicu fêté le 8 août.

Activités économiques d’hier d’aujourd’hui
La commune possède l’immense forêt de pins qui surplombe le village. Jadis, et dans le cadre d’une économie de subsistance, l’exploitation traditionnelle de la forêt et du bois a généré des activités diverses au fil de l’histoire de la vallée. Des activités telles que le four à poix, le charbon de bois, les billots, les fagots, le bois gras, les traverses en châtaigniers ainsi que les bardeaux et souches de bruyère pour la fabrication des pipes.
L’agriculture y était également implantée avec le blé, l’orge, l’huile, la farine, le miel, la châtaigneraie et aussi la culture du lin.
L’élevage, enfin, constituait la grande partie d’une économie agro-pastorale: Chèvres, porcs, brebis et vaches. L’un des lieux du villages, «U pianu di a tribbbiatoghja» évoque une aire naturelle de battage du blé (l’aghja) où l’on battait les céréales à l’aide d’un cylindre de pierre (u tribbiu qui a donné son nom à la Tribbiera, chant de travail).
Aujourd’hui, certaines de ces activités ont pu perdurer comme l’élevage ou la production de miel mais dans l’ensemble, c’est une autre économie qui s’est développée dans la vallée.
Sur le plan sportif, un site de parapente existe au col de Tartavello et deux autres en escalade et en canyoning mais plus loin vers Bucugnà et la Richjusa.
D’un point de vue économique, le parc animalier « A Cuppulata », considéré comme l’un des tout premiers centres d’élevage et de protection des tortues en Europe, reste très important. Il dispose de 1500 tortues réparties en 120 espèces différentes.
Enfin, le parc aventure de Veru est une pure merveille avec ses 60 jeux répartis en 7 parcours différents.
Mais Veru peut être apprécié par sa situation géographique, sa forêt de pins surplombant le village ou le fleuve raviront les amoureux de la nature.
Et, sur le plan culturel, les passionnés seront également servis avec deux associations :
-«Scup’arti» qui organise des soirées à thème (China, concert de jazz, danse, concours de boules).
-«L’acciarinu», qui met en place, chaque année depuis dix ans «la nuit de Contes», manifestation incontournable de la vallée (voir par ailleurs).

Bien sûr et malgré la beauté de ses paysages, Veru n’a pas échappé à l’exode rural. Le village, comme tant d’autres en Corse, s’est vidé peu à peu. Mais avec l’attrait de la population pour la nature, un retour vers l’intérieur s’est amorcé depuis quelques années. Aujourd’hui, le village dispose d’une école où trois instituteurs enseignent à une cinquantaine d’enfants. Ainsi, de nombreuses familles peuvent s’installer et vivre au village. Veru revit mais doit se développer sans perdre son caractère identitaire.
Philippe Peraut

Reportage effectué en étroite collaboration avec Tony Fogacci, originaire de Veru et docteur en antropologie à l’Université de Corse

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