9 septembre 1943 : Ajaccio, première ville de France libérée
9 septembre 1943 : Ajaccio, première ville de France libérée
Mois de la commémoration par excellence, septembre à Ajaccio ne va pas sans évoquer la liesse populaire qui marquât, 65 ans plus tôt, la fin de l’oppression fasciste en ville lors de la seconde guerre mondiale. Ajaccio fut la première ville libérée de France et la Corse, le premier morceau libre du pays. Un mérite enfin reconnu par l’Education Nationale.
A partir du 11 novembre 1942, 80 000 Italiens et 14 000 Allemands occupaient la Corse, soit presque 1 occupant pour 2 habitants. Pourtant, l’île fut libérée la première, avant l’intervention des forces anglo-américaines. Cet exploit est dû au seul mérite de ses maquisards, auxquels sont venus se joindre les Italiens ralliés après la capitulation de l’Italie, et les troupes françaises d’Afrique du Nord.
Alors que le 5 novembre de cette même année était créé le Comité Parisien de Libération, en Corse la lutte armée était déjà achevée et victorieuse. L’appel à l’insurrection lancé par le Comité disait d’ailleurs : « dressez-vous contre l’occupant et les traîtres, à l’exemple de nos vaillant frères de la Corse …» Le 9 septembre en effet, l’insurrection avait déjà éclaté à Ajaccio faisant d’elle la première ville de France libérée, et le 4 octobre 1943, la libération de Bastia avait marqué la fin de l’occupation en Corse.
Comme le proclamât le le Comité Français de la Libération Nationale par radio le 21 septembre 1943 : « La Corse aura cet honneur d’être le premier morceau de France libéré par le courage de son peuple et la valeur de ses armes ».
Un mérite enfin reconnu
Encore aujourd’hui, on peut lire dans les livres d’histoire des écoliers : le 6 juin 1944, les Alliés débarquèrent en Normandie pour libérer Bayeux et le Calvados… mais pas un mot sur la Corse. Rien non plus sur son exploitation géographique par les forces alliées. L’île a pourtant servi de base aéronavale pour les liaisons maritimes, de base d’attaque contre l’Italie encore allemande, et enfin de base de départ pour le débarquement en Provence, le 15 août 1944… Mais 65 ans après, les choses évoluent enfin, comme l’explique Jacqueline Wroblewski Arrii., la Présidente de l’Association des Anciens Combattants de la Résistance. « Que l’on nous comprenne bien, il ne s’agit pas d’une querelle d’amour propre », précise t-elle, « mais plutôt de rétablir la vérité historique. Les résistants Corses, tués, torturés, et tous les Corses qui se sont battus, méritent bien qu’on leur rende hommage en disant ce qui n’est rien d’autre que la vérité ! » Cette « omission » a fait l’objet de bon nombre de courriers émis par son prédécesseur à la Présidence de l’ANACR, Jérôme Santarelli. Au plus fort de ses revendications, il avait reçu une lettre d’un écolier qui, répondant « la Corse » à un professeur qui lui demandait quel avait été le premier département libéré, s’est vu sanctionné par rapport à un de ses camarades qui avait répondu « la Normandie ». Cette année enfin, les choses se rétablissent. Le député Gandolfi-Scheit a demandé au ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, de faire inscrire le fait lors de l’élaboration des prochains programmes des Collèges et Lycées, et Xavier Darcos, 30 Avril dernier, a donné sa réponse en reprenant les mots de Serges Eyrolles, Président du Syndicat National de l’Edition : «les différentes maisons d’édition sont désormais sensibilisées et feront tout leur possible pour intégrer ces faits dans les prochains manuels ». Il était temps ! Dès l’impression des nouvelles éditions, tous les élèves de 3ème et de 1ère apprendront enfin ce qu’a dit le Général de Gaulle lui-même le 8 octobre 1943 à Ajaccio : « … Les patriotes corses groupés par le Front National auraient pu attendre que la victoire des armées réglât heureusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes être des vainqueurs…».
La résistance en Corse
L’île était depuis 1870 concernée par l’irrédentisme et cette revendication italienne était entretenue par le Duce. Nos ancêtres s’insurgeaient contre cette menace latente comme en témoigne le fameux serment de Bastia qui disait : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir français « . Ceci explique la spontanéité d’une résistance qui a commencé à s’organiser dès 1940. Elle s’est amplifiée jusqu’à se composer de plusieurs unités dont le Front National et le Combat, qui coopéraient avec les émissaires du Général de Gaule (mission Scamaroni à l’origine du réseau de la France libre Action R2 Corse) et du Général Giraud (mission radio Pearl Harbour). Les maquisards étaient largement soutenus par l’ensemble de la population corse, qui subissait les excès des chemises noires, la pénurie alimentaire et les menaces du STO. Les familles hébergeaient les résistants, et des habitants, des femmes notamment, se voyaient confier par le front national des missions de liaison, ou encore réalisaient des catalogues recensant les points forts et les points faibles de l’ennemi.
Aux maquisards sont venus se joindre les Italiens ralliés après la capitulation de l’Italie, puis les troupes françaises d’Afrique du Nord, dont les Tabors marocains, qui ont mené la bataille légendaire du col de Teghime. Ensemble ils ont libéré Ajaccio, puis la Corse, sans l’intervention des forces anglo-américaines.
FM
Source : Résistance et libération de la Corse – ONAC